Une tradition d’hospitalité depuis le 9ème siècles

L’ Abbaye de Moreilles fut fondée avant 1109. Devenue Cistercienne et 63ème fille de Clairvaux, Notre-Dame de Moreilles fut la première à assécher et cultiver ce qui est devenu aujourd’hui le Marais Poitevin.

En effet, d’après les archives qui nous sont parvenues le canal de Bot Neuf, creusé en 1199 par les moines de Moreilles, fut le premier canal d’envergure irriguant le Marais Poitevin.Surnommée  » La Perle du Marais « , la riche Abbaye de Moreilles est pillée et détruite pendant les guerres de religion.

Au XVIIème siècle, Richelieu, après avoir abandonné l’évêché de Luçon, devient abbé principal de Moreilles. Il commence alors à conquérir pouvoir et fortune.

C’est en 1635 qu’il doit échanger Moreilles dans une transaction à trois : il la cède à son successeur à Luçon, Emery de Bragelogne, lequel passe à Pierre de Nivelle son siège épiscopal de Luçon, ce dernier offrant à

Richelieu la dignité d’abbé général de Cîteaux, c’est-à-dire de l’ordre Cistercien.

Richelieu aura donc échangé Moreilles contre Cîteaux… il était difficile de lui refuser quoi que ce soit.

« M’ayant esté tant de fois promise, on ne peut plus me l’oster sans m’oster l’honneur »
Armand Jean du Plessis, Cardinal de Richelieu au sujet de l'Abbaye Notre Dame de Moreilles

Emery de Bragelogne, ancien évêque de Luçon, passera les 30 dernières années de sa vie à Moreilles et veillera à la reconstruction de son monastère. Il signe en particulier la Baillette des Marais en 1642, qui concède à la Société du Petit Poitou, ancêtre du Syndicat de Marais, l’exploitation et l’entretien du territoire. Une nouvelle église est construite et elle est consacrée par l’évêque de La Rochelle en 1699.

Pendant la Révolution et les Guerres de Vendée, l’église est détruite et l’abbaye est vendue comme Bien National. Le premier propriétaire est guillotiné, son héritier, ambassadeur de France au Danemark n’est sans doute jamais venu à Moreilles. Certainement à l’abandon pendant de nombreuses années, l’abbaye tombe en ruines. La maison principale, dont les fondations datent du XVIIème (en témoignent l’épaisseur de 2 pieds des murs, le puits intérieur, le contrefort nord-est, l’appareillage de certaines portes, la date de 1696 gravée sur une pierre…), est fortement remaniée au cours du XIXème siècle pour ressembler à un petit château de l’époque, et prend alors le nom de « Château de l’Abbaye ».

Le Portail, belles dépendances, dont les origines remontent également au XVIIème siècle, est davantage resté « dans son jus ». Architecture très simple, il s’agissait vraisemblablement de la Porterie – Hôtellerie, comme il en existait en général dans les abbayes cisterciennes. Sa situation géographique par rapport au village, et à « l’impasse du Portail », correspond d’ailleurs à l’accueil des visiteurs de l’abbaye. Les fondations de deux gros piliers déterrés lors de travaux correspondent à cette fonction de porte d’entrée de l’abbaye.

Ses murs de 60 à 70 cm d’épaisseur (2 pieds, système métrique de l’ancien régime), en pierres sèches montées à la terre, comme c’était le cas avant la Révolution, ses petites ouvertures très caractéristiques, et la date de 1768 gravée sur la fenêtre d’une extension, attestent de son existence avant la Révolution, et donc: du temps des moines.

Le Parc romantique, rare dans le marais, est planté en 1848. La grille est érigée la même année. Ses piliers sont peut-être les anciennes piles de la chambre du Chapître ?

La petite Chapelle, d’abord pavillon de chasse, est construite en 1854. Elle est consacrée. Ses pierres proviennent elles aussi sans doute de l’abbaye détruite: en témoignent leurs similitudes avec les quelques pierres de l’abbaye qui nous sont parvenues et que l’on peut admirer dans le parc et sur la terrasse. L’ancienne porte d’entrée du Château possède d’ailleurs les mêmes caractéristiques.  La plupart des murs d’enceinte de la propriété sont montés en pierres sèches et datent également de l’abbaye.

D’autres, murs de séparation érigés au fil des démembrements de l’enclos de l’abbaye, ont été montés au XIXème et sont reconnaissables avec les pierres taillées de l’abbaye qui ont été ainsi réemployées. Enfin, la grille en fer forgé et les piliers d’entrée de la cour, datent du XVIIème et montrent de fines et sobres ciselures cisterciennes.

Ancienne abbaye cistercienne, la maison a gardé cet esprit d’une architecture simple et sobre. En particulier le Portail, ancienne porterie-hôtel de l’abbaye, qui a pratiquement conservé son aspect du XVIIème. Avant de devenir un Château & Hôtel près de Luçon, la maison avait donc déjà une vocation hospitalière.

 Nous avons ouvert notre maison de famille en chambre d’hôtes de charme depuis près de 25 ans, et prenons grand plaisir à recevoir nos hôtes et à leur faire découvrir la Vendée. Nous renouons ainsi avec une tradition hospitalière longue de 9 siècles…